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Par MCreations
le chat
Dans ma cervelle se promène
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l'entend à peine.Tant son timbre est tendre et discret ;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C'est là son charme et son secret.Cette voix, qui perle et qui filtre
Dans mon fond le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases ;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a pas besoin de mots.Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu'harmonieux !De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu'un soir
J'en fus embaumé, pour l'avoir
Caressée une fois, rien qu'une.C'est l'esprit familier du lieu ;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire ;
Peut-être est-il fée, est-il dieu ?Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
Tirés comme un aimant
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-mêmeJe vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.Charles Baudelaire
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Mars arrive !
Mars arrive ! Mars arrive !L'hiver est à la dérive
Il s'en retourne au placard.
Mars est là, et ça repart !
Mars arrive ! C'est la fête !
Presque on change de planète.
Le printemps est pour bientôt
Presque on oublie le manteau.
Mars arrive ! Mars attaque !
Mars arrive, bientôt Pâques
On est sur Mars, bienvenus !
C'est gentil d'être venus !
Michel Astre
Par MCreations
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Par MCreations
Les papillons
De toutes les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu'aimez-vous mieux ? --Moi, les roses ;
-- Moi, l'aspect d'un beau pré vert ;
-- Moi, la moisson blondissante,
Chevelure des sillons :
-- Moi, le rossignol qui chante :
-- Et moi, les beaux papillons !Le papillon, fleur sans tige,
Qui voltige,
Que l'on cueille en un réseau ;
Dans la nature infinie,
Harmonie
Entre la plante et l'oiseau !...Quand revient l'été superbe,
Je m'en vais au bois tout seul :
Je m'étends dans la grande herbe,
Perdu dans ce vert linceul.
Sur ma tête renversée,
Là, chacun d'eux à son tour,
Passe comme une pensée
De poésie ou d'amour !
Voici le papillon faune,
Noir et jaune ;Voici le mars azuré
Agitant des étincelles
Sur ses ailes
D'un velours riche et moiré.
Voici le vulcain rapide,
Qui vole comme un oiseau :
Son aile noire et splendide
Porte un grand ruban ponceau.
Dieux ! le soufré, dans l'espace,
Comme un éclair a relui...
Mais le joyeux nacré passe,
Et je ne vois plus que lui !Comme un éventail de soie,
Il déploie
Son manteau semé d'argent ;
Et sa robe bigarrée
Est dorée
D'un or verdâtre et changeant.Voici le machaon-zèbre,
De fauve et de noir rayé ;
Le deuil, en habit funèbre,
Et le miroir bleu strié ;
Voici l'argus, feuille-morte,
Le mario, le grand-bleu,
Et le paon-de-jour qui porte
Sur chaque aile un oeil de feu !Mais le soir brunit nos plaines ;
Les phalènes
Prennent leur essor bruyant,
Et les sphinx aux couleurs sombres,
Dans les ombres
Voltigent en tournoyant.C'est le grand'paon à l'oeil rose
Dessiné sur un fond gris
Qui ne vole qu'à nuit close,
Comme les chauves-souris ;
Le bombice du troëne,
Rayé de jaune et de vert,
Et le papillon du chêne
Qui ne meurt pas en hiver !...Voici le sphinx à la tête
De squelette,
Peinte en blanc sur un fond noir,
Que le villageois redoute,
Sur sa route,
De voir voltiger le soir.Je hais aussi les phalènes,
Sombres hôtes de la nuit,
Qui voltigent dans nos plaines
De sept heures à minuit ;
Mais vous, papillons que j'aime,
Légers papillons de jour,
Tout en vous est un emblème
De poésie et d'amour !Malheur, papillons que j'aime,
Doux emblème,
A vous pour votre beauté !...
Un doigt, de votre corsage,
Au passage,
Froisse, hélas ! le velouté !...Une toute jeune fille
Au coeur tendre, au doux souris,
Perçant vos coeurs d'une aiguille,
Vous contemple, l'oeil surpris :
Et vos pattes sont coupées
Par l'ongle blanc qui les mord,
Et vos antennes crispées
Dans les douleurs de la mort !...Gérard de Nerval
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Hiver
Dans la nuit de l'hiver
galope un grand homme blanc.
C'est un bonhomme de neige
avec une pipe en bois
un grand bonhomme de neige
poursuivi par le froid.
Il arrive au village
voyant de la lumière
le voilà rassuré.
Dans une petite maison
il entre sans frapper
et pour se réchauffer
s'assoit sur le poêle rouge
et d'un coup disparaît
ne laissant que sa pipe
au milieu d'une flaque d'eau
ne laissant que sa pipe
et puis son vieux chapeau...
Jacques Prévert
Par MCreations
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